mardi 28 octobre 2014

Confiteor, de Jaume Cabré


Titre original (catalan) : Jo confesso

Date de parution : 4 septembre 2013
Genre : roman
Traducteur :  Edmond Raillard

Éditeur : Actes Sud
Nombre de pages : 784

Quatrième de couverture
 
Barcelone années cinquante, le jeune Adrià grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose. Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions démesurées dont il est dépositaire, jusqu’au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale, issue d’un magasin d’antiquités extorquées sans vergogne. Un demi-siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l’abandonne, Adrià tente de mettre en forme l’histoire familiale dont un violon d’exception, une médaille et un linge de table souillé constituent les tragiques emblèmes. De fait, la révélation progressive ressaisit la funeste histoire européenne et plonge ses racines aux sources du mal. De l’Inquisition à la dictature espagnole et à l’Allemagne nazie, d’Anvers à la Cité du Vatican, vies et destins se répondent pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l’abjection totale.

Confiteor défie les lois de la narration pour ordonner un chaos magistral et emplir de musique une cathédrale profane. Sara, la femme tant aimée, est la destinataire de cet immense récit relayé par Bernat, l’ami envié et envieux dont la présence éclaire jusqu’à l’instant où s’anéantit toute conscience. Alors le lecteur peut embrasser l’itinéraire d’un enfant sans amour, puis l’affliction d’un adulte sans dieu, aux prises avec le Mal souverain qui, à travers les siècles, dépose en chacun la possibilité de l’inhumain – à quoi répond ici la soif de beauté, de connaissance et de pardon, seuls viatiques, peut-être, pour récuser si peu que ce soit l’enfer sur la terre.

Mon avis

Il est presque impossible de résumer un tel monument littéraire, d'une richesse et d'une intelligence comme on en lit peu.
Confiteor. Mais de quoi parle donc ce livre ? Je dirais qu'il parle, entre autres, d'amour, de guerres, de violence, de secrets de famille, d'art, de littérature, d'amitié, de la folie humaine, de culture, de musique, de maladie, de mémoire, de la vie et de la mort... Confiteor, c'est d'abord la vie d'un homme, de l'enfance à la vieillesse ; c'est l'histoire de l'Europe à travers les siècles, l'histoire d'une amitié fragile qui dure toute une vie, non pas sans trahisons, l'histoire d'un amour compliqué et passionné... mais c'est aussi celle du Vial, un violon à la fois diabolique et merveilleux, véritable personnage et fil conducteur de ce récit incroyablement dense.
Une multitude de personnages et d'époques différentes se croisent, les histoires foisonnent et se fondent dans l'Histoire avec un grand H, le style décousu si particulier à ce roman est un peu déroutant au début, mais on se prend vite au jeu, on bascule d'une époque à une autre, d'un récit à un autre en l'espace d'une ligne, d'un mot. Le temps et l'espace n'ont plus aucune limite, les histoires et les personnages s'enchevêtrent sans que jamais le lecteur ne perde le fil : c'est du grand art. Et disons-le : le traducteur a également réussi un travail titanesque, d'une finesse inouïe. Bravo à lui.
Près de 800 pages que j'ai avalées avec avidité, une écriture savante mais accessible à tous, une narration originale et captivante : c'est un chef d’œuvre que je relirai sans doute un jour, et qui m'habitera encore longtemps.


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