mardi 15 décembre 2015

Claudine à l'école, de Colette

Éditeur : Gallimard
Date de publication : 1900
Nombre de pages : 252
Genre : roman


Quatrième de couverture

« Ces quatre-là et moi, nous formons cette année la pléiade enviée, désormais au-dessus des "grandes", qui aspirons au brevet élémentaire. » Avec Claudine, quinze ans, intelligente, séduisante, très avertie, ses camarades, la flamboyante directrice de l'école et sa jolie adjointe, les deux instituteurs des garçons et quelques autres, nous allons vivre une année scolaire peu banale... Rempli de vie et de sensualité, Claudine à l'école, premier roman de Colette, réunit déjà toutes les qualités qui assureront l'immense succès du grand écrivain. 


Mon avis

Un roman drôle et impertinent qui a marqué le tournant du XXe siècle, avec le  célèbre personnage de Claudine, une jeune fille de 15 ans à la fois attachante et exaspérante, toujours sûre d'elle, méprisante envers les autres, désobéissante, curieuse, insolente, intelligente et inventive, qui évolue dans une école de filles rurale où il se passe bien des choses inhabituelles et contraires à la morale dans le corps enseignant ! 
C'est un récit enjoué et dynamique qui m'a beaucoup amusée, et que je relirai sans doute plus tard avec tout autant de plaisir. Une lecture intéressante aussi d'un point de vue socio-historique, puisqu'il permet de connaître le fonctionnement (quelque peu déformé par Colette, bien sûr) des écoles de campagne de la toute fin du XIXe siècle, ce qu'on enseignait aux jeunes filles, ce qu'on attendait d'elles...
Certes, l'école n'est vraiment plus la même aujourd'hui, mais le roman reste encore très moderne sur certains points, et il y a toujours des Claudine dans les écoles d'aujourd'hui, c'est sûr !
 

mercredi 18 novembre 2015

La terre qui penche, de Carole Martinez

Éditeur : Gallimard
Date de publication : 2015
Nombre de pages : 368
Genre : roman


Quatrième de couverture

Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort ! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent.
L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend.
Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais?
Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l’orée du rêve mais deux siècles plus tard, dans ce domaine des Murmures qui était le cadre de son précédent roman.


Mon avis

Un beau roman polyphonique (à deux voix pour être exacte : celle de la petite fille, Blanche, et celle de son âme qui raconte cette histoire des siècles plus tard) plein d'originalité, d'onirisme, de fantaisie, de poésie, et une écriture fine et sensible. La magie de Du domaine des Murmures est toujours là, mais le récit est moins intense, et les chansons qui jalonnent l'histoire de Blanche m'ont parfois paru de trop, mais ce n'est que mon avis personnel, j'ai pu lire que certains lecteurs avaient aimé cette poésie insérée dans le récit. Ce qui m'a surtout gênée dans cette (tout de même belle) lecture, ce sont les maintes redites : en effets, étant donné que l'histoire nous est contée à la fois par Blanche « petite fille » et Blanche « vieille âme », certains événements sont relatés deux fois, de manières différentes, sous forme de variations. Je comprends le choix de l'auteure, mais cela peut vite ennuyer le lecteur, et j'avoue que j'ai trouvé certains passages inutiles.
Ceci mis à part, je conseillerai cette lecture à d'autres personnes malgré tout, car j'ai passé un très bon moment avec ce roman. Le style est agréable, l'écriture bien maîtrisée, et Carole Martinez sait donner vie à des personnages à la fois attachants et mystérieux. Dès les premières pages, le lecteur est happé dans un univers magique très particulier, quelque part entre le rêve et la réalité, le passé et le présent, le conte merveilleux et le roman historique.

dimanche 8 novembre 2015

Mon bel orage, de Héloïse Combes

Éditeur : Éditions de la Rémanence
Date de publication : 2015
Nombre de pages : 104
Genre : roman

Présentation de l'éditeur

« Rien ne semblait devoir arriver. Rien ne semblait pouvoir exister d'autre que ce brouhaha cotonneux des couloirs, ces bousculades adolescentes chaque heure à la porte d'une salle de classe qu'on quittait, chaque heure, pour une autre salle de classe où tout serait pareil : chaque heure le bruit de troupeau qui s'engouffre puis freine, dérapages de semelles en caoutchouc doublés de grincements de chaises, et ensuite l'ennui, la voix soporifique du prof, l'ennui, la craie blanche qui crisse sur le tableau vert sombre, l'ennui, le néon qui crépite toujours un peu, une gomme qui tombe, le vol métallique d'une punaise qui traverse la pièce et bute sur la vitre, un papier qu'on froisse, un rire étouffé, l'ennui... C'est arrivé pourtant. Dans le préfabriqué de tôle qui tenait lieu de salle de dessin à l'écart des grands bâtiments. Une brèche soudain dans le cœur lourd du géant noir. »

Mon avis

J'ai été séduite par le style de l'écriture dès les premières lignes, un peu moins par cette histoire d'amour entre un professeur quinquagénaire et une jeune collégienne rebelle.
Un homme mûr se laisse entraîner sans grande résistance dans le délit et l'illégalité par une gamine de 14 ans qui le mène par le bout du nez : c'est une histoire de détournement de mineure, peu crédible soit dit en passant, qui relève plus d'une sorte d'étrange fantasme d'une adolescente en quête de liberté et d'amour, et qui ne peut que mal se terminer, on s'en doute bien dès le début.
On a vraiment du mal à aimer cette petite Lolita, et il est (pour moi en tout cas) impossible de s'attacher à cet homme étrange qui tombe amoureux d'elle et qui n'hésite pas (enfin, pas longtemps, et juste pour la forme) à prendre des risques énormes pour être avec elle. Mais on ne juge évidemment pas un livre au statut attachant ou non de ses personnages... Car en effet, ce roman comporte de nombreuses qualités littéraires. Si on laisse de côté l'intrigue qui ne m'a pas vraiment plu (mais ce n'est là qu'une sensibilité personnelle), ce livre est un véritable enchantement en ce qui concerne le style. C'est un récit à la première personne (on se place du point de vue de la jeune fille) plein de délicatesse, de sensualité et de poésie, les mots sont choisis avec soin et c'est là, à mon humble avis, tout l'intérêt de cette belle lecture. 
Je tiens à remercier les Éditions Rémanence pour cette découverte, ainsi que l'auteure elle-même, qui a eu la gentillesse de me dédicacer le livre.

 

samedi 24 octobre 2015

200 drôles d'expressions que l'on utilise tous les jours sans vraiment les connaître, racontées par Alain Rey

Éditeur : Le Robert
Date de publication : 2015
Nombre de pages : 415
Genre : dictionnaire des expressions

Présentation de l'éditeur

Jouer avec les mots pour qu'ils ne se jouent pas de nous. Éclairer les obscurités, lever les couvercles qui font de nos expressions favorites des trésors cachés.

Voilà ce qu'une équipe d'amoureux du langage, animée par Alain Rey, a imaginé pour nous permettre d'« en connaître un rayon » et faire que nous cessions de « ne pas être dans notre assiette ». Quand on se lève « dès potron-minet », on peut reconnaître le minet, mais certes pas le potron. Si les choses se produisent « au fur et à mesure », qu'es aco, ce « fur » ?

La langue française est une richesse, mais c'est aussi une boîte à malice. Déjouer cette malice, ce n'est pas trahir notre langage, c'est l'enrichir, et c'est nous faire plaisir. 200 fois plaisir, par les temps qui courent, ce n'est déjà pas si mal.
Et quand quelques-unes de ces expressions sont pimentées par Stéphane De Groodt, virtuose de jeu de mots, c'est encore plus savoureux !

Racontées par Alain Rey
Linguiste et lexicographe reconnu, Alain Rey est l'auteur de nombreux ouvrages de la langue française et l'un des principaux créateurs des dictionnaires Le Robert.

Avec la participation de Stéphane De Groodt
Comédien de renom, ce natif de Bruxelles est également un funambule des mots connu notamment pour ses chroniques sur Canal+ qui ont donné naissance à ses célèbres Voyages en absurdie (Plon).

Mon avis

J'ai reçu ce livre via Masse critique : merci à Babelio et aux éditions Le Robert ! Ce petit dictionnaire en format poche (ou presque) explique de manière simple 200 expressions plutôt courantes (comme l'indique le titre). Bien sûr, ce n'est pas un livre qui se lit de bout en bout, mais que l'on picore de temps en temps. Le sens des expressions choisies dans cet ouvrage est quasiment toujours connu puisque ce sont des expressions « que l'on utilise tous les jours », mais on en apprend beaucoup sur leur origine, l’étymologie des mots qu'elles contiennent. Tout cela agrémenté de jeux de mots, et de références littéraires et historiques. C'est très instructif, parfois drôle, bien que les (très rares) interventions de Stéphane De Groodt m'ont semblé inutiles et sans intérêt. Je suppose que ces quelques petites remarques de l'acteur sont là pour des raisons de marketing et/ou pour rendre le livre plus ludique, mais personnellement je m'en serais passé, elles n'apportent rien et les articles d'Alain Rey sont largement suffisants. 
Pour chaque expression, on trouve un petit encadré bonus à la fin de l'article : souvent une citation qui permet de lire l'expression en contexte, parfois une définition supplémentaire pour aller plus loin, ou une des fameuses petites « blagues » de  Stéphane De Groodt.
Je reprocherais à cet ouvrage la qualité un peu trop « livre discount » (les pages sont très (trop) transparentes), la présentation vraiment sommaire (quelques efforts de mise en page, quelques couleurs et une présentation un peu plus « design » auraient rendu le livre plus agréable à lire et à feuilleter, plus attrayant). Évidemment, ceci n'enlève rien à la qualité du contenu, mais je trouve que c'est quand même dommage.

dimanche 18 octobre 2015

Travers de route, l'humanitaire cahin-caha, de Damien Personnaz

Éditeur : Rémanence
Date de publication : 2014
Nombre de pages : 198
Genre : mémoires, témoignage

Quatrième de couverture

Des premiers voyages d’un jeune homme curieux au témoignage d’un humanitaire en proie au doute, à l’impuissance et à l’euphorie, ces huit récits relatent des instants marquants d’une vie ordinaire de terrain dans des pays bouleversés (Rwanda, Libéria, Erythrée, Angola, Kurdistan turc, Afrique du sud, Pakistan).
Si certaines anecdotes portent à sourire, les faits vécus ébranlent profondément le lecteur au fur et à mesure que tombent ses illusions ; l’auteur prévenant dès le départ que « voyager, c’est voir le monde tel qu’il est et non pas comme on voudrait qu’il soit ».
Tant dans la force des émotions qu’il véhicule et des réflexions qu’il engage, que dans l’écriture qui permet de les révéler ; Travers de routes est un livre remarquable, de ceux dont les lecteurs resteront imprégnés, irrémédiablement. 

L'auteur (présentation de l'éditeur)

Damien Personnaz est un journaliste, écrivain et géographe franco-suisse. Après des études de géographie tropicale à Bordeaux et de géopolitique à Genève, il devient journaliste dans un quotidien genevois avant de s’engager pendant plus de vingt ans auprès de la Croix-Rouge internationale et de l’UNICEF, en Afrique, en Asie et en Europe. Passionné d’îles lointaines, difficiles d’accès et peu connues, il est l’auteur de Sept oasis des mers (2008) et de Cinq petits mondes (2013). Travers de route est le  premier de ses ouvrages consacré à son expérience humanitaire.

Mon avis

Je remercie les Éditions Rémanence de m'avoir suggéré et envoyé ce livre, que j'ai lu en deux soirées seulement !  
Travers de route est un voyage au cœur de l'humanitaire dans les « pays de l’urgence silencieuse », raconté avec beaucoup de sensibilité et d'humilité. 
C'est un recueil de souvenirs divisé en huit chapitres, et chacun de ces chapitres évoque une mission dans un lieu et à une époque différents : on passe de l'Afrique du Sud en 1978 à l'Inde en 1980, puis au Pakistan, etc. 
De rencontres en rencontres, de pays en pays, l'auteur dévoile avec réalisme, simplicité et finesse, quelques souvenirs de missions effectuées dans les zones les plus pauvres et les plus dangereuses du monde, sans nous épargner la détresse et parfois l'horreur dont il a été témoin et sa propre impuissance face à certaines situations tragiques.
Des récits bien écrits, touchants, sans pathos pourtant, sans idéalisme non plus, qui invitent le lecteur à réfléchir. 
Certaines scènes sont tout de même dures, violentes et font froid dans le dos : pour cette raison, je ne conseillerais pas ce livre aux plus jeunes, ni aux personnes trop sensibles...
 

jeudi 8 octobre 2015

Moderato cantabile, Marguerite Duras

Éditeur : Éditions de Minuit
Première publication : 1958
Nombre de pages : 164
Genre : roman

Quatrième de couverture

« Qu'est-ce que ça veut dire, moderato cantabile ? 
- Je ne sais pas. » 
Une leçon de piano, un enfant obstiné, une mère aimante, pas de plus simple expression de la vie tranquille d'une ville de province. Mais un cri soudain vient déchirer la trame, révélant sous la retenue de ce récit d'apparence classique une tension qui va croissant dans le silence jusqu'au paroxysme final.  
« Quand même, dit Anne Desbarèdes, tu pourrais t'en souvenir une fois pour toutes. Moderato, ça veut dire modéré, et cantabile, ça veut dire chantant, c'est facile. »

Mon avis

Des personnages mystérieux, troubles et troublants, comme des ombres dans un tableau. On ne sait pas grand-chose d'eux, et pourtant ils nous attirent. On ne connaît même pas le prénom du petit garçon. La mère, Anne Desbarèdes, est profondément marquée par le seul véritable événement du roman : le crime passionnel qui a eu lieu dans le bar juste en-dessous de l'appartement du professeur de piano de son fils. Tous les jours, elle va revenir avec son enfant dans ce bar, où elle parlera des heures durant avec un jeune ouvrier : ensemble, ils réécriront inlassablement, chaque jour, l'histoire des deux amants, la femme assassinée par l'homme, et l'homme devenu fou après son crime. Et sans s'en rendre compte, Anne Desbarèdes sombre lentement dans l'alccolisme. Un récit court aux dialogues brefs, en apparence anodins, où les intrigues entremêlées ne trouveront aucune issue (celle de la relation entre Anne Desbarèdes et le jeune homme, celle du crime passionnel dont au final le lecteur ne saura jamais rien) : un roman sombre sur le vide, sur l'abandon de soi, sur l'ennui et l'échec de deux vies qui ne trouvent pas leur chemin, un roman  qui n'a absolument rien de "modéré et chantant" comme l'annonce pourtant le titre. 
Marguerite Duras établit à travers ce roman un dialogue muet entre son texte, ses personnages et son lecteur. C'est au lecteur de comprendre où elle veut en venir, à lui encore d'essayer d'interpréter tous les non-dits, de pénétrer le texte et de trouver, s'il le veut, une issue à cette histoire. Si peu de pages qui continuent pourtant d'habiter le lecteur longtemps après avoir refermé le livre...

samedi 19 septembre 2015

Maus, Art Spiegelman

Éditeur : Flammarion
Première publication : 1980
Nombre de pages : 296
Genre : bande dessinée, biographie/autobiographie
Prix Pulitzer 1992
 

Quatrième de couverture

Récompensé par le prix Pulitzer, Maus nous conte l'histoire de Vladek Spiegelman, rescapé de l'Europe d'Hitler, et de son fils, un dessinateur de bandes dessinées confronté au récit de son père. Au témoignage bouleversant de Vladek se mêle un portrait de la relation tendue que l'auteur entretient avec son père vieillissant.

Mon avis

Maus est incontestablement un chef d’œuvre de la bande dessinée, réalisé dans les années 1970 et 1980, et publié en 30 langues dans le monde. Certes, on a beaucoup écrit sur la Shoah, les camps de concentration, l'Allemagne nazie... mais rarement sous la forme de roman graphique. Et rarement avec cette pudeur, cette délicatesse et cette justesse que l'on trouve dans Maus.
Art Spiegelman a accompli un travail remarquable sur la mémoire, et rend un hommage touchant à son père à travers cette histoire authentique et terrible, entrecoupée de différentes scènes sur la vie quotidienne du père et du fils, leur difficile relation, le traumatisme toujours visible chez le père. Cet enchevêtrement permet également au lecteur de « souffler » un peu, d'échapper quelques instants au récit des horreurs nazies.
Les dessins en noir et blanc et les personnages représentés sous forme d'animaux (les juifs sont des souris et les nazis des chats (on comprend vite que ce n'est pas anodin !), les Français des grenouilles, etc.) permettent d'atténuer la violence des événements racontés tout en accentuant le côté sombre du récit : c'est un choix particulièrement ingénieux et très efficace.
Je la recommande vivement, même aux lecteurs qui ne lisent habituellement pas de bandes dessinées : elle se lit vraiment comme un roman, et quand on commence, on ne peut plus s'arrêter, jusqu'à la toute dernière page.
Ce livre a beau avoir 25 ans, il n'a pas vieilli et constitue toujours un excellent moyen d'aborder le thème de la Shoah, notamment pour les jeunes (à partir de 15-16 ans).
Maus est une bande dessinée qui ne s'oublie pas, une bande dessinée pour ne jamais oublier.

dimanche 30 août 2015

Les écorchés vifs (les rédempteurs), d'Olivier Vanderbecq

Éditeur : Amalthée
Première publication : 2014
Nombre de pages : 434
Genre : roman

Quatrième de couverture

Un élégant quadragénaire en route pour le sud de la France.
Un jeune flic alcoolique sur la sellette.
Une pauvre gamine paumée.
Une communauté de gitans.
Rien ne les prédisposait à se rencontrer.
Et pourtant...
Entre la capitale des Flandres et une petite station de Haute-Savoie, leurs routes vont se croiser, leurs destins se lier et leurs vies basculer.
Pour vivre.
Ou juste survivre !

Né en Belgique en 1973, l’auteur est un lecteur compulsif, fin cuisinier, père à l’imaginaire débordant, consommateur frénétique de musique et de cinéma, il vit à cent à l’heure sans jamais se poser et impose sa boulimie culturelle à sa tribu. En 2013, il choisit d’écrire un roman : Les Écorchés Vifs, premier volume d’une trilogie.

Mon avis


Avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais juste préciser que j'ai lu ce livre dans le cadre du Livre voyageur organisé par Tic Tac Books, un groupe de lecture sur facebook géré par Aline (son blog : Du temps pour lire), dont l'auteur des Écorchés vifs fait également partie. Donc, avant toute chose : merci à eux ! Et à tous ceux qui ont participé à cet événement du Livre voyageur, j'aime beaucoup le concept.
Pour ce qui est du roman en lui-même, je vais essayer d'aller à l'essentiel car en fait il y aurait beaucoup de choses à dire, notamment sur l'action intense du roman et les personnages. 
L'auteur a un style d'écriture assez particulier, vif, cinglant, direct, l'action ne s'arrête jamais, on a sans cesse l'impression de suivre un film parfois en accéléré, d'être derrière l'objectif d'une caméra, voire même de plusieurs caméras : ça fonctionne à merveille, on ne s'ennuie pas, et on a toujours l'impression de vivre pleinement chaque scène. Certains personnages parlent crument, les dialogues sont écrits à la manière d'un script de film et « font vrai ». Rien n'est embelli. Cela peut dérouter le lecteur, certes, mais c'est encore un aspect qui permet de rapprocher le roman d'un film d'action.
Par contre, quelque chose m'a dérangée dans ce roman (mais la faute incombe à l'éditeur,  pas à l'auteur) : il reste beaucoup de coquilles en tout genre dans le texte, c'est parfois vraiment gênant. C'est dommage.  
Je voudrais également attirer l'attention sur les citations dans le roman : elles sont trop nombreuses à mon goût, notamment au début (avec le personnage de Pierre). Même si j'ai bien compris que cela faisait partie du personage, très cultivé, je trouve que la plupart de ces citations sont introduites de manière peu subtile et cassent le rythme du texte. En mettre moins mais les introduire de façon plus discrète aurait sans doute mieux servi le texte. Cela donne l'impression que l'auteur a voulu mettre en avant sa culture à travers son personnage sans grande délicatesse, même si je me doute bien que ce n'était pas son intention. 
La violence, qui s'intensifie au fur et à mesure qu'on avance dans l'histoire, m'a par moment dérangée. Mais ce n'est que mon ressenti personnel ; je suis entrée dans un univers ultra-violent auquel je ne m'attendais pas dès les premières pages du livre et j'ai parfois eu un peu de mal avec ça. L'auteur nous « oblige » à « voir » à travers son texte, dans lequel l'action est savamment orchestrée, toute l'horreur des scènes les plus violentes. Sang, blessés et morts partout, notamment dans la dernière partie. Et pourtant... Malgré cette violence inouïe, prise dans le feu de l'action et embarquée par cette histoire palpitante, je me suis malgré tout accrochée à cette lecture, avide de connaître les derniers événements et le dénouement de cette folle histoire.
À première vue, les personnages, ces « écorchés vifs », ces tueurs, ces rejetés de la société, ne sont pas particulièrement attachants, mais on a pourtant toujours envie d'en savoir plus, de savoir jusqu'où les événements vont les mener, jusqu'où ils vont aller. L'histoire est racontée de différents points de vue, et les informations et ressentis varient en fonction des personnages, et cette construction-là est très intéressante. Elle contribue à l'effet de « roman-film » qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière ligne.
Le personnage de Pierre fait peur, il est froid, méticuleux, sûr de lui, dangereux, il n'a rien à perdre et peur de rien. Il devient (heureusement) de plus en plus nuancé et subtil au fil de l'histoire, un peu comme si l'auteur lui-même avait « découvert » toutes les facettes de ce personnage au cours du processus d'écriture, ce qui fait que l'on finit quand même par s'intéresser un peu au sort de ce personnage à priori détestable par le danger qu'il représente (même s'il n'est pas totalement un monstre, puisqu'il est loyal et s'engage à sortir la jeune Alicia de son milieu violent et se comporte avec elle comme un père protecteur). En fait, c'est un personnage si ambigu qu'il dérange, inquiète, et intrigue tout à la fois.
J'ai eu plus de mal avec la première partie du roman qu'avec le reste, qui comporte quelques longueurs, et sans doute à cause de ce personnage omniprésent un peu trop « brut de décoffrage » et inquiétant, et des citations qui ponctuent le texte (comme dit plus haut), mais dès la seconde partie, tout s'emballe, les personnages se multiplient, on fait la connaissance d'une communauté de gitans, les événements s'enchaînent et chaque personnage joue bien son rôle. moi qui ne suis pas une grande adepte du genre, je ne peux toutefois pas nier avoir été happée par cette histoire : c'est une lecture addictive, dès qu'on l'a commencé, il FAUT qu'on continue, il faut qu'on sache comment tout cela va finir.
Pour conclure, je dirais que c'est un roman remarquablement bien construit, très cinématographique, original, et, malgré ses petits défauts, très prometteur... mais trop violent pour moi.
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