Éditeur : Le livre de poche (2002)
Première publication : 2000
Nombre de pages : 188
Genre : roman
Quatrième de couverture
« Je deviens Brio. Etre la première en tout. Etre un garçon avec la grâce d’une fille. Brio pour toute l’Algérie. Brio contre toute la France. Brio contre mon corps qui me fait de la peine. Brio contre la femme qui dit : Quelle jolie petite fille. Tu t’appelles comment ? Ahmed. Sa surprise. Mon défi. Sa gêne. Ma victoire.
Je fais honte au monde entier. Je salis l’enfance. C’est un jeu pervers. C’est un jeu d’enfant. Non, je ne veux pas me marier. Non, je ne laisserai pas mes cheveux longs. Non, je ne marcherai pas comme une fille. Non, je ne suis pas française. »
Mon avis
Récit
d'une enfance toujours entre-deux, ce court roman autobiographique pose
la question de l'identité des enfants métisses. Nina Bouraoui est de
mère bretonne et de père algérois. Elle a grandi entre deux cultures,
entre deux pays. Comment se construire une identité dans cette dualité
permanente ? Dans le mépris et l'incompréhension qui l'entoure en-dehors
du cercle familial ? C'est même une double crise d'identité que raconte
l'auteure : Algérienne ou Française ? Fille ou garçon ? Elle raconte
ses souffrances, elle raconte l'Algérie des années 1970, son amitié à
Alger avec Amine, l'amour qui l'unit à sa sœur, les longues absences de
son père, la force de la mère, le racisme en Algérie, le racisme en
France, ce sentiment de n'avoir aucune véritable nationalité. Pas
vraiment Française, pas vraiment Algérienne, jamais à sa place. Elle
raconte son refus de la conformité, son refus de la féminité, puis la
réconciliation, enfin.
Le
roman se divise en trois parties, trois espaces, trois villes : d'abord
Alger, puis Rennes, pour finir à Tripoli, là où elle se réconciliera
enfin avec elle-même. Un roman court qui en dit long pourtant, dans un
style piquant, un texte uniquement constitué de phrases courtes, voire
très courtes, cinglantes, parfois violentes, qui se répète souvent, qui
multiplie les anaphores pour donner encore plus de force à ce qu'il
raconte, comme une longue litanie qui laissera une marque indélébile
dans l'esprit du lecteur.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire