samedi 24 octobre 2015

200 drôles d'expressions que l'on utilise tous les jours sans vraiment les connaître, racontées par Alain Rey

Éditeur : Le Robert
Date de publication : 2015
Nombre de pages : 415
Genre : dictionnaire des expressions

Présentation de l'éditeur

Jouer avec les mots pour qu'ils ne se jouent pas de nous. Éclairer les obscurités, lever les couvercles qui font de nos expressions favorites des trésors cachés.

Voilà ce qu'une équipe d'amoureux du langage, animée par Alain Rey, a imaginé pour nous permettre d'« en connaître un rayon » et faire que nous cessions de « ne pas être dans notre assiette ». Quand on se lève « dès potron-minet », on peut reconnaître le minet, mais certes pas le potron. Si les choses se produisent « au fur et à mesure », qu'es aco, ce « fur » ?

La langue française est une richesse, mais c'est aussi une boîte à malice. Déjouer cette malice, ce n'est pas trahir notre langage, c'est l'enrichir, et c'est nous faire plaisir. 200 fois plaisir, par les temps qui courent, ce n'est déjà pas si mal.
Et quand quelques-unes de ces expressions sont pimentées par Stéphane De Groodt, virtuose de jeu de mots, c'est encore plus savoureux !

Racontées par Alain Rey
Linguiste et lexicographe reconnu, Alain Rey est l'auteur de nombreux ouvrages de la langue française et l'un des principaux créateurs des dictionnaires Le Robert.

Avec la participation de Stéphane De Groodt
Comédien de renom, ce natif de Bruxelles est également un funambule des mots connu notamment pour ses chroniques sur Canal+ qui ont donné naissance à ses célèbres Voyages en absurdie (Plon).

Mon avis

J'ai reçu ce livre via Masse critique : merci à Babelio et aux éditions Le Robert ! Ce petit dictionnaire en format poche (ou presque) explique de manière simple 200 expressions plutôt courantes (comme l'indique le titre). Bien sûr, ce n'est pas un livre qui se lit de bout en bout, mais que l'on picore de temps en temps. Le sens des expressions choisies dans cet ouvrage est quasiment toujours connu puisque ce sont des expressions « que l'on utilise tous les jours », mais on en apprend beaucoup sur leur origine, l’étymologie des mots qu'elles contiennent. Tout cela agrémenté de jeux de mots, et de références littéraires et historiques. C'est très instructif, parfois drôle, bien que les (très rares) interventions de Stéphane De Groodt m'ont semblé inutiles et sans intérêt. Je suppose que ces quelques petites remarques de l'acteur sont là pour des raisons de marketing et/ou pour rendre le livre plus ludique, mais personnellement je m'en serais passé, elles n'apportent rien et les articles d'Alain Rey sont largement suffisants. 
Pour chaque expression, on trouve un petit encadré bonus à la fin de l'article : souvent une citation qui permet de lire l'expression en contexte, parfois une définition supplémentaire pour aller plus loin, ou une des fameuses petites « blagues » de  Stéphane De Groodt.
Je reprocherais à cet ouvrage la qualité un peu trop « livre discount » (les pages sont très (trop) transparentes), la présentation vraiment sommaire (quelques efforts de mise en page, quelques couleurs et une présentation un peu plus « design » auraient rendu le livre plus agréable à lire et à feuilleter, plus attrayant). Évidemment, ceci n'enlève rien à la qualité du contenu, mais je trouve que c'est quand même dommage.

dimanche 18 octobre 2015

Travers de route, l'humanitaire cahin-caha, de Damien Personnaz

Éditeur : Rémanence
Date de publication : 2014
Nombre de pages : 198
Genre : mémoires, témoignage

Quatrième de couverture

Des premiers voyages d’un jeune homme curieux au témoignage d’un humanitaire en proie au doute, à l’impuissance et à l’euphorie, ces huit récits relatent des instants marquants d’une vie ordinaire de terrain dans des pays bouleversés (Rwanda, Libéria, Erythrée, Angola, Kurdistan turc, Afrique du sud, Pakistan).
Si certaines anecdotes portent à sourire, les faits vécus ébranlent profondément le lecteur au fur et à mesure que tombent ses illusions ; l’auteur prévenant dès le départ que « voyager, c’est voir le monde tel qu’il est et non pas comme on voudrait qu’il soit ».
Tant dans la force des émotions qu’il véhicule et des réflexions qu’il engage, que dans l’écriture qui permet de les révéler ; Travers de routes est un livre remarquable, de ceux dont les lecteurs resteront imprégnés, irrémédiablement. 

L'auteur (présentation de l'éditeur)

Damien Personnaz est un journaliste, écrivain et géographe franco-suisse. Après des études de géographie tropicale à Bordeaux et de géopolitique à Genève, il devient journaliste dans un quotidien genevois avant de s’engager pendant plus de vingt ans auprès de la Croix-Rouge internationale et de l’UNICEF, en Afrique, en Asie et en Europe. Passionné d’îles lointaines, difficiles d’accès et peu connues, il est l’auteur de Sept oasis des mers (2008) et de Cinq petits mondes (2013). Travers de route est le  premier de ses ouvrages consacré à son expérience humanitaire.

Mon avis

Je remercie les Éditions Rémanence de m'avoir suggéré et envoyé ce livre, que j'ai lu en deux soirées seulement !  
Travers de route est un voyage au cœur de l'humanitaire dans les « pays de l’urgence silencieuse », raconté avec beaucoup de sensibilité et d'humilité. 
C'est un recueil de souvenirs divisé en huit chapitres, et chacun de ces chapitres évoque une mission dans un lieu et à une époque différents : on passe de l'Afrique du Sud en 1978 à l'Inde en 1980, puis au Pakistan, etc. 
De rencontres en rencontres, de pays en pays, l'auteur dévoile avec réalisme, simplicité et finesse, quelques souvenirs de missions effectuées dans les zones les plus pauvres et les plus dangereuses du monde, sans nous épargner la détresse et parfois l'horreur dont il a été témoin et sa propre impuissance face à certaines situations tragiques.
Des récits bien écrits, touchants, sans pathos pourtant, sans idéalisme non plus, qui invitent le lecteur à réfléchir. 
Certaines scènes sont tout de même dures, violentes et font froid dans le dos : pour cette raison, je ne conseillerais pas ce livre aux plus jeunes, ni aux personnes trop sensibles...
 

jeudi 8 octobre 2015

Moderato cantabile, Marguerite Duras

Éditeur : Éditions de Minuit
Première publication : 1958
Nombre de pages : 164
Genre : roman

Quatrième de couverture

« Qu'est-ce que ça veut dire, moderato cantabile ? 
- Je ne sais pas. » 
Une leçon de piano, un enfant obstiné, une mère aimante, pas de plus simple expression de la vie tranquille d'une ville de province. Mais un cri soudain vient déchirer la trame, révélant sous la retenue de ce récit d'apparence classique une tension qui va croissant dans le silence jusqu'au paroxysme final.  
« Quand même, dit Anne Desbarèdes, tu pourrais t'en souvenir une fois pour toutes. Moderato, ça veut dire modéré, et cantabile, ça veut dire chantant, c'est facile. »

Mon avis

Des personnages mystérieux, troubles et troublants, comme des ombres dans un tableau. On ne sait pas grand-chose d'eux, et pourtant ils nous attirent. On ne connaît même pas le prénom du petit garçon. La mère, Anne Desbarèdes, est profondément marquée par le seul véritable événement du roman : le crime passionnel qui a eu lieu dans le bar juste en-dessous de l'appartement du professeur de piano de son fils. Tous les jours, elle va revenir avec son enfant dans ce bar, où elle parlera des heures durant avec un jeune ouvrier : ensemble, ils réécriront inlassablement, chaque jour, l'histoire des deux amants, la femme assassinée par l'homme, et l'homme devenu fou après son crime. Et sans s'en rendre compte, Anne Desbarèdes sombre lentement dans l'alccolisme. Un récit court aux dialogues brefs, en apparence anodins, où les intrigues entremêlées ne trouveront aucune issue (celle de la relation entre Anne Desbarèdes et le jeune homme, celle du crime passionnel dont au final le lecteur ne saura jamais rien) : un roman sombre sur le vide, sur l'abandon de soi, sur l'ennui et l'échec de deux vies qui ne trouvent pas leur chemin, un roman  qui n'a absolument rien de "modéré et chantant" comme l'annonce pourtant le titre. 
Marguerite Duras établit à travers ce roman un dialogue muet entre son texte, ses personnages et son lecteur. C'est au lecteur de comprendre où elle veut en venir, à lui encore d'essayer d'interpréter tous les non-dits, de pénétrer le texte et de trouver, s'il le veut, une issue à cette histoire. Si peu de pages qui continuent pourtant d'habiter le lecteur longtemps après avoir refermé le livre...
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