dimanche 31 mai 2015

Vers Compostelle, drôles de rencontres, d'Antoine Bertrandy

Éditeur : Transboréal (2015)
Collection Voyages en poche
Nombre de pages : 326
Genre : récit de voyage

Quatrième de couverture

Un matin d’automne, Antoine Bertrandy s’est arraché à son confort francilien pour s’élancer dans le sillage des pèlerins aspirés vers le mystère de Saint-Jacques. Courbé sous le poids de son sac et de ses attentes, il a relié Compostelle depuis Saint-Jean-Pied-de-Port en empruntant le Camino real francés. Dans le décor de cette comédie humaine itinérante – où vibrent de concert spiritualité et téléphones portables –, chacun peut épuiser ses fantasmes et ses certitudes jusqu’à ressentir, en son for intérieur, le frémissement de la renaissance. De cette expérience jaillit un récit riche de rencontres truculentes, de séparations déchirantes et de moments drolatiques. Un texte prodigue en réflexions sur le sens du pèlerinage et, en somme, sur la vie.

Mon avis

Antoine Bertrandy raconte son pélerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle avec une grande humilité ; on est loin du roman de Jean-Christophe Rufin, que j'ai lu il y a quelques années. Je pense que le récit d'Antoine Bertrandy est bien plus proche de la réalité du Chemin. L'auteur parle de son aventure avec pudeur mais sans l'enjoliver. Il ne cache pas les douleurs, les peines, les difficultés, les doutes et les peurs qui sont autant d'obstacles que d'enrichissements pour les marcheurs au long cours. C'est un livre qui se lit vite, l'écriture est agréable et vivante.
Avec beaucoup d'humour et d'auto-dérision, mais aussi une grande lucidité, l'auteur relate son voyage initiatique étape par étape, en mettant l'accent sur les nombreuses rencontres qu'il a faites en chemin, et ce qu'elles lui ont apporté. 
Tout au long du livre, l'auteur s'interroge (et donne quelques réponses) sur les motivations des pèlerins : pourquoi partir ? Pourquoi s'infliger toutes ces difficultés, et parfois même cette souffrance ? Que viennent chercher les pèlerins sur le Chemin ? Autrefois, les raisons étaient évidentes : on y allait pour des raisons religieuses. Mais aujourd'hui, la plupart des pèlerins ont d'autres raisons, parfois inconscientes (c'est le cas de l'auteur, qui finira pas découvrir ses propres motivations en chemin), parfois complexes. Une belle réflexion sur ce qui anime les pèlerins, sur le sens de ce voyage initiatique.
À travers le récit d'Antoine Bertrandy, on découvre également la réalité de la vie quotidienne des pélerins, notamment en ce qui concerne les nuits difficiles, la promiscuité permanente avec des inconnus, les dortoirs parfois bruyants et bondés, l'impossibilté fréquente de marcher seul, etc. Et j'avoue que cela ne me donne guère envie de suivre le Chemin... ou alors avec ma toile de tente ! 
En lisant ce récit, on a tout de même envie de partir seul avec un sac à dos (et ça me tente vraiment depuis longtemps, surtout que je vis SUR le Chemin de Saint-Jacques : je fais donc un tout petit bout du Chemin chaque jour en emmenant mon fils à l'école et je vois les pèlerins défiler tous les jours...), mais personnellement (et cela n'engage évidemment que moi), je crois que finalement, j'irai marcher ailleurs que sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, bien trop fréquenté à mon goût, et son aspect « tout tracé » me dérange un peu.
En bref, ce fut pour moi une lecture enrichissante et très agréable (merci à Antoine Bertrandy d'avoir si bien su partager son expérience !)

mercredi 27 mai 2015

Le Lys dans la vallée, d'Honoré de Balzac

Éditeur : Folio (mais il en existe évidemment beaucoup d'autres)
Première publication :1836
Nombre de pages : 448
Genre :  roman

Quatrième de couverture

Comme autrefois vous allez me rendre à la santé, Félix, et ma vallée me sera bienfaisante. Ils croient que ma plus vive douleur est la soif. Oh ! oui, j'ai bien soif, mon ami. L'eau de l'Indre me fait bien mal à voir, mais mon cœur éprouve une plus ardente soif. J'avais soif de toi, me dit-elle d'une voix plus étouffée en me prenant les mains dans ses mains brûlantes et m'attirant à elle pour me jeter ces paroles à l'oreille : mon agonie a été de ne pas te voir. « La bataille inconnue qui se livre, dans une vallée de l'Indre, entre Mme de Mortsauf et la passion, est peut-être aussi grande que la plus grande des batailles connues. » (Balzac).

Mon avis

Dans l’œuvre de Balzac, Le Lys dans la vallée fait partie des Études des mœurs de la Comédie humaine. Balzac voulait « refaire » le roman de Sainte-Beuve, intitulé Volupté, qu'il jugeait mauvais. Le Lys dans la vallée serait donc une réplique améliorée de Volupté. Cependant, il est important de noter que Le Lys n'est pas un simple roman d'amour. C'est un récit en partie autobiographique qui parle certes de l'amour (platonique) entre un jeune homme et une femme mariée, d'une éducation sentimentale qui fait écho au roman de Flaubert, mais aussi des relations mère-enfant et entre époux, du désir féminin, de politique (on est en pleine Restauration, et Félix joue un rôle important auprès de Louis XVIII dans la seconde moitié du roman), de religion, de maladie et de nature. 
C'est un roman sur la fragilité des êtres. Fragilité physique d'abord : les enfants de Mme de Mortsauf sont des petits miraculés, Félix lui-même est de santé fragile et paraît beaucoup plus jeune que son âge, M. de Morstauf est moralement et physiquement faible, il tombe malade et est toujours souffrant, puis vient le tour de Mme de Mortsauf ; et fragilité psychique ensuite : Mme de Mortsauf et Félix souffrent de leur enfance malheureuse et cherchent tous deux (chacun à sa façon) à combler leur manque d'amour maternel, M. de Mortsauf est en proie à de nombreuses crises et sautes d'humeur, etc.
Au-delà de sa volonté de défier et surpasser Sainte-Beuve, écrire Le Lys avait pour Balzac un double enjeu : parler de son enfance et de son amour de jeunesse pour une femme mariée et plus âgée que lui, et traiter de ce qu'il appelait « la grande question du paysage en littérature ». Dans Le Lys dans la vallée, Balzac décrit avec beaucoup de poésie les paysages de la Touraine, région si chère à son cœur. Sous la plume de Balzac, la vallée de l'Indre devient un lieu paradisiaque. C'est un des charmes les plus plaisants de ce roman (à mon humble avis).
Entre romantisme et réalisme, ce roman est « un roman par lettres » : à la demande de sa fiancée, le jeune homme raconte dans une longue lettre son amour passé pour Mme de Mortsauf, puis sa relation avec lady Dudley, une femme beaucoup moins vertueuse et parfaite que la première...
Bien évidemment, on sait depuis le début qu'on nage en plein romantisme, et que toute cette histoire ne peut pas bien se terminer...
Je n'ai pas lu tout Balzac, loin de là, celui-là n'est pas mon préféré (trop de longueurs à mon goût), mais c'est tout de même un beau roman, un classique à découvrir ou à redécouvrir. Je pourrais en parler encore des heures, il y a tellement à dire sur ce roman, mais le but ici n'est pas de disserter sur Le Lys dans la vallée, alors je n'en dirai pas plus !

 

lundi 25 mai 2015

Aventures de Huckleberry Finn, de Mark Twain

Éditeur : Éditions Tristram (2013) pour la nouvelle traduction de Bernard Hœpffner / Éditions Penguin (entre autres) pour la version originale

Titre original : Adventures of Huckleberry Finn (anglais américain)

Première publication :1884
 
Nombre de pages : 435 en français (traduction et édition citée plus haute) / 326 pages en anglais (chez Penguin)


Quatrième de couverture (version française, édition mentionnée ci-dessus)

Huck Finn, le camarade vagabond de Tom Sawyer, est retenu prisonnier par son père ivrogne dans une cabane au fond des bois. Il s’échappe, se réfugie sur l’île Jackson, où il retrouve Jim, l’esclave en fuite de miss Watson. Avides d’aventures et de liberté, tous deux commencent à descendre le Mississippi sur un radeau. Mais à chaque étape du voyage, toutes sortes d’événements surviennent qui obligeront Huck à prendre de graves décisions... Sa découverte, en Jim, d’un être humain semblable à lui marque une date dans l’éveil de la conscience anti-raciste aux États-Unis.

Mark Twain (1835-1910) est l’un des auteurs les plus importants de toute la littérature américaine. Pionnier d’une écriture « spontanée », il a introduit le langage parlé dans l’écrit. Comme l’a dit Ernest Hemingway : « Avant, il n’y avait rien. Depuis, on n’a rien fait d’aussi bien. » 

Son chef-d’œuvre, Aventures de Huckleberry Finn, a été classé par le magazine Time (au terme d’une enquête menée auprès de 125 auteurs anglo-saxons contemporains) parmi les « cinq plus grands romans de l’histoire ». Le plus souvent disponible dans des adaptations, tronquées, indifférentes à sa qualité d’œuvre littéraire, Huckleberry Finn n’avait jamais bénéficié en français d’une traduction qui rende justice à la saveur et à l’énergie incomparables du texte original. La version intégrale — augmentée de deux longs passages inédits — qu'en offre Bernard Hoepffner procurera à toutes les générations de lecteurs le sentiment d'un livre neuf, jamais lu sous cette forme.


Mon avis

Enfin une traduction intégrale et de qualité des Aventures de Huckleberry Finn : les lecteurs francophones vont enfin pouvoir « entendre » la véritable voix du jeune Huck ! Les traductions précédentes étaient souvent incomplètes, et surtout peu fidèles au texte original. Personnellement, ça me gêne beaucoup. D'accord, une traduction reste une « version » d'un texte, mais c'est quand même important d'y retrouver l'âme et la saveur du texte original... Pour vous en rendre compte, il vous suffit de chercher sur Internet une version PDF du roman en français : vous tomberez certainement sur celle de William Little Hughes, qui n'a strictement rien à voir avec le texte de Mark Twain (l'écriture spontanée de l'auteur a complètement disparu !) 
Bernard Hoepffner a fait un travail remarquable, d'autant plus que traduire ce roman n'est pas une tâche facile, notamment à cause du style oral de l'écriture employé par Twain dans ce roman. 
Ma curiosité de traductrice m'a poussée à faire une double lecture de ce roman : dans un premier temps, j'ai lu le livre dans sa version originale (en anglais, donc), puis comparé avec la version en français de Bernard Hoepffner, chapitre par chapitre. Je me suis même amusée à traduire certains passages en français avant de comparer mon travail avec celui de Bernard Hoepffner : un exercice très instructif ! Autre prouesse du traducteur : il a trouvé une façon habile de transcrire des dialectes qui n'ont pas d'équivalent en français et a su prendre certaines libertés quand cela s'avérait nécessaire (en inventant notamment des néologismes), ce qui rend la traduction beaucoup plus fidèle au texte original (on n'oublie jamais qu'il s'agit d'un récit rapporté par un enfant illettré !)

Bref... Parlons maintenant du livre en lui-même, et non plus de cette nouvelle traduction. Contrairement aux Aventures de Tom Sawyer, écrit quelques années plus tôt, Huckleberry Finn n'est pas typiquement un livre pour enfants. Bien qu'on y retrouve le personnage de Tom Sawyer et que Huck reste étroitement lié à Tom pour les lecteurs de Tom Sawyer, Huckleberry Finn s'adresse plutôt à des adolescents et des adultes. Certaines scènes sont tout de même assez dures ou effrayantes pour des enfants (la violence et l'alcoolisme du père de Huck, le tonneau qui hante le fleuve, etc.), le vocabulaire fluvial peut parfois les gêner pour la compréhension de certains passages. De plus, je pense que certaines longueurs dans le texte risquent de décourager les plus jeunes : il ne s'agit pas d'un roman picaresque où le héros enchaîne les aventures. 
Il y a un fil conducteur « physique » (le Mississippi), et un fil conducteur « moral », un but (libérer Jim de l'esclavage, et, pour Huck, trouver sa propre liberté). Huck est un enfant attachant, même si c'est un véritable petit anarchiste : il ne supporte pas la société dans laquelle il vit et refuse de s'y intégrer. Pourtant, sous ses airs de petit vagabond indomptable, il sait faire le bien autour de lui, et n'approuve pas les mauvaises actions de ses compagnons de route (deux escrocs sans scrupules). Il est juste, et se fie à ses instincts. Il est futé mais il ne sait pas vraiment mentir et éprouve parfois des remords lorsqu'il ment par nécessité, il s'emmêle souvent les pinceaux dans ses propres mensonges. Il est l'incarnation même de la liberté, grand thème de ce roman : même lorsqu'il pourrait se laisser adopter, il refuse, il ne supporte pas la société « civilisée » et ne tient jamais en place. Ce n'est pas un profiteur, et il se contente de peu pourvu qu'il soit libre. Même quand on a terminé le roman, on l'imagine très bien parcourant l'Amérique toute sa vie...

Ce qui est important de noter à propos de ce roman, c'est qu'il a bouleversé la littérature américaine : c'était la première fois qu'on lisait un roman écrit sous cette forme « orale », la première fois que quelqu'un écrivait en faisant parler les noirs... comme des noirs. Mark Twain ne connaissait sans doute pas grand-chose d'eux, mais il savait les écouter parler et c'est ainsi qu'il a retranscrit leur façon de parler dans son roman : Jim, et les autres noirs du roman, parlent comme Twain les entendait parler. Cela peut paraître banal aujourd'hui, mais c'était une première à l'époque de Twain : il a révolutionné l'écriture et la littérature américaine, ce qui ne lui a pas attiré que des éloges, évidemment. (Remarque : cette « écriture spontanée » n'apparaîtra en France qu'au XXe siècle , avec Queneau et Céline...)

En conclusion : un roman unique, et un incroyable voyage sur le Mississippi, au cœur de l'Amérique du XIXe siècle en compagnie de personnages inoubliables.





mardi 19 mai 2015

No et moi, de Delphine de Vigan

Éditeur : Le livre de poche (2010)
Première publication : 2009
Nombre de pages : 256
Genre :  roman


Quatrième de couverture

Elle avait l’air si jeune. En même temps il m’avait semblé qu’elle connaissait vraiment la vie, ou plutôt qu’elle connaissait de la vie quelque chose qui faisait peur.
D. V.

Adolescente surdouée, Lou Bertignac rêve d’amour, observe les gens, collectionne les mots, multiplie les expériences domestiques et les théories fantaisistes. Jusqu’au jour où elle rencontre No, une jeune fille à peine plus âgée qu’elle. No, ses vêtements sales, son visage fatigué, No dont la solitude et l’errance questionnent le monde. Pour la sauver, Lou se lance alors dans une expérience de grande envergure menée contre le destin.
Mais nul n’est à l’abri...


Mon avis

Un agréable roman plutôt destiné aux adolescents, qui se lit très vite : l'écriture est simple, moderne, mais de qualité. Une histoire d'amitié passionnée, qui parle aussi d'amour, de dépression, de différence, d'exclusion, de désespoir et d'espoir, de solidarité, de souffrance, de précocité intellectuelle, des relations parents-enfants... 
J'ai trouvé l'histoire un peu trop simple mais touchante quand même, et certains personnages un peu plats. De plus, quelques clichés auraient pu être évités pour plus de subtilité et de crédibilité (comme par exemple le beau garçon ténébreux que toutes les filles admirent qui s'attache à cette fille plus jeune que les autres, timide, solitaire et pas vraiment jolie mais tellement surdouée...), mais cela na va pas dans l'excès, disons que cette lecture est adaptée aux jeunes lecteurs de 12 à 18 ans. Le sujet traité est intéressant ; ce livre peut permettre de sensibiliser les adolescents à un problème de société très actuel.

samedi 16 mai 2015

Conte de fées à l'usage des moyennes personnes, de Boris Vian

Éditeur : Le livre de poche
Première publication : 1943
Nombre de pages : 125
Genre :  conte (parodie)
Préface de Noël Arnaud


Quatrième de couverture

« Il était une fois un prince beau comme le jour. Il vivait entre son chien et son cheval, à l'orée d'un bois, dans un château aux murs gris et au toit mauve... » C'est pour sa femme Michelle, convalescente, que Boris Vian rédigea en 1943 ce conte de fées où abondent les sorcières, les cavernes, les îles fantastiques, comme dans les romans de chevalerie médiévaux. Mais n'attendons pas, bien sûr, du futur romancier de L'Ecume des jours qu'il prenne au sérieux les mille et une péripéties qui jaillissent sous sa plume. Dès cette oeuvre de jeunesse, son jeu consiste à piéger le récit à coups de calembours, de clins d'oeil, de dérision et de burlesque. Il y excelle, et nous amuse autant qu'il s'amuse. 


Mon avis

Un petit livre qui se dévore aisément d'une seule traite. Une parodie de conte de fées très amusante que Boris Vian avait écrite en 1943 pour divertir sa femme en convalescence près une opération chirurgicale. Une oeuvre de jeunesse donc, d'autant plus intéressante qu'elle n'a pas été écrite pour être publiée et ne faisait pas partie, selon l'auteur, de sa production littéraire. Et pourtant, quel plaisir de découvrir ce petit conte où l'on retrouve toute la fantaisie, la poésie et l'humour de Boris Vian ! C'est une histoire absurde, avec des personnages loufoques et des situations complètement farfelues, le tout bien entendu bourré de jeux de mots et de contrepèteries en tout genre : rires garantis ! 
En plus, cette édition est vraiment complète : elle contient une préface intéressante, le conte intégral, la seconde version du conte (inachevée), les dessins en couleur de Boris Vian et de son ami Bimbo, et même le projet de suite que Vian avait imaginé (ébauche).
Et pour vous donner envie, je vous mets ici quelques citations piochées au hasard :

« La grève était de sable fin et les huîtres galopaient à perte de vue. Elles cherchaient des perles! En effet personne ne se demande jamais où les huîtres prennent leurs perles : c'était l'explication. »

« Pourtant il les emmena et leur donna à chacun un gâteau tellement sec que ni l'un ni l'autre ni l'autre (ils étaient trois) ne put l'avaler. »

« Dans cette ombre nageaient des bêtes bizarres, avec des plumes, qui faisaient cot ! cot ! codet ! Joseph ne sut pas ce que c'était parce qu'il faisait noir, mais il se dit que si il avait fait jour, ça aurait sûrement été des poules. »

« Alors elle disparut dans un nuage de fumée de cigarettes anglaises, et Joseph se demanda s'il n'avait pas rêvé une seconde fois, mais comme se pincer lui faisait aussi mal que la prmeière fois, il se dit qu'il allait encore lui tomber un crapaud dans l'oeil. » 

« a) Adoncques, Joseph chevauchoit, et drues pleuvoient sur lui les gouttes d'un sombre nuage. Et âpre étoit l'odeur d'ozone qui émanoit de la terre humide. Moult longtemps chevaucha-t-il, et l'entrée de LA caverne apparut...
b) « Ce style importun ayant pu empêcher la compréhension de cette importante partie de l'ouvrage... »


dimanche 10 mai 2015

Les Confessions de Constanze Mozart, d'Isabelle Duquesnoy

Éditeur : Points pour la version poche (2012)
Première publication : 2003 chez Plon
Nombre de pages : 696
Genre :  roman historique (sous forme de journal intime) 
Préface de Geneviève Geffray, conservateur en chef de la Fondation internationale Mozarteum (Salzbourg)

Quatrième de couverture

Qui est donc cette Constanze Weber Mozart ? Son journal nous emmène en 1780 à Vienne, alors qu'elle n'a que 18 ans. Elle est fascinée par le jeune Mozart et l'épouse quelques années plus tard. Pour garder son mari et élever leurs enfants, elle s'efface et étouffe son talent de chanteuse. Elle distribue des sourires à la Cour, goûte l'ivresse de la gloire et de l'argent. Mais elle affronte aussi les commérages, les trahisons et la séparation de la mort.

L'auteure 

Diplômée d'Histoire de l'art, Isabelle Duquesnoy a publié plusieurs romans et biographies sous différents pseudonymes. Elle est considérée comme une spécialiste de la vie du couple Mozart.

Mon avis

À travers ce roman écrit sous forme de journal intime agrémenté de nombreuses lettres et autres documents, Isabelle Duquesnoy rend un bel hommage à Constanze Mozart, si souvent et injustement critiquée. Enfin, la voilà réhabilitée. Enfin, elle reprend sa place d'épouse aimée, aimante et point sotte. 
Bien sûr, ce journal est fictif. Pourtant, l'auteure n'invente rien : elle connaît très bien la correspondance du couple Mozart, la biographie du génie, et la vie du XVIIIe siècle. Comme le dit Genevièvre Geffray, on aimerait tellement que ce journal soit vrai, il semble si authentique ! Non seulement la lecture de ce roman nous dévoile la vie du couple Mozart depuis leur première rencontre jusqu'à la mort de Wolfgang, mais on en apprend également beaucoup sur la vie quotidienne et les préoccupations des familles bourgeoises en Autriche au XVIIIe siècle.
Le style, le vocabulaire et le langage utilisés par l'auteure respectent celui des Mozart et les usages de l'époque : cela peut décontenancer quelque peu les lecteurs non initiés au langage cru, parfois scatologique, et aux mots grossiers couramment employé à l'époque, qui ne sont pas sans rapeler les fameuses lettres de la princesse Palatine... C'est en fait peu surprenant pour des écrits du XVIIIe siècle. Si on lit la correspondance de la famille Mozart, notamment les lettres de la mère de Wolfgang et de Wolfgang lui-même, on y retrouve le même langage qui nous fait aujourd'hui sourire et peut paraître totalement décalé et vulgaire à notre époque : n'oublions pas que la « retenue » qui persiste encore de nos jours n'arrivera qu'avec le XIXe siècle et le romantisme...
Un second tome avait été publié en 2005 pour faire suite à celui-ci et racontait la vie de Constanze après la mort de Mozart : j'aurais vraiment aimé le lire, mais malheureusement il n'est plus édité nulle part et n'a pas été réédité en format poche... Dommage.



mardi 5 mai 2015

Dictionnaire égoïste de la littérature française, de Charles Dantzig

Éditeur : Le livre de poche (2009)
Première publication : 2005
Nombre de pages : 1154
Quatrième de couverture

"A" comme "Apollinaire", mais aussi "Age des lectures". "B" comme "Balzac", mais aussi "Bibliothèques de maison de campagne", "Belle du seigneur". "C" comme "Corneille", mais aussi "Commencer (par quoi) ". "D" comme "Du Deffand", mais aussi "Décadence et mort d'un écrivain" ou "Del Dongo"... De François Villon à Françoise Sagan, le Dictionnaire égoïste de la littérature française rassemble des auteurs célèbres et des méconnus, des œuvres lues et d'autres qui pourraient l'être davantage, des personnages de fiction, des notions. Ce n'est pas un dictionnaire comme les autres. Il est érudit, allègre, partial, drôle, s'intéressant aux êtres en plus des écrits, brillant, inattendu. Bref, il est à part. C'est un exemple achevé de gai savoir. 

Mon avis

Ce livre n'est pas un dictionnaire à prendre au sérieux. Bien sûr, on y apprend quand même pas mal de choses, on s'amuse parfois, ou on s'irrite en lisant certains propos, mais rien de surprenant pour un « dictionnaire égoïste » écrit par Charles Dantzig.
Lire un ou deux articles de temps en temps peut être assez plaisant, mais j'avoue que ça devient fatiguant au bout d'un moment. C'est un mélange d'informations utiles, d'érudition, d'humour, d'ironie, de provocation, de critique... et parfois de mauvaise foi, disons-le.
Mais qui a vraiment envie de lire plus de 1000 pages pour savoir ce que pense Dantzig des plus grands auteurs de la littérature française ? Tout cela reste très subjectif, on ne sait pas bien où est le vrai dans certains articles, et OUI, c'est un "dictionnaire" très très égoïste... À lire avec un certain recul, donc. Je crois que je ne lirai pas tous les articles, mais j'aime bien en piocher un au hasard de temps en temps. On n'est pas obligé de tout lire, et surtout pas d'affilée, sinon on s'en lasse vite.

lundi 4 mai 2015

Zadig et autres contes, de Voltaire


Éditeur : Folio classique
Première publication :1747 (pour Zadig)
Nombre de pages : 496
Quatrième de couverture
Zadig éprouva que le premier mois du mariage, comme il est écrit dans le livre du Zend, est la lune du miel, et que le second est la lune de l'absinthe. Il fut quelque temps après obligé de répudier Azora qui était devenue trop difficile à vivre, et il chercha son bonheur dans l'étude de la nature. « Rien n'est plus heureux, disait-il, qu'un philosophe qui lit dans ce grand livre que Dieu a mis sous nos yeux. Les vérités qu'il découvre sont à lui ; il nourrit et il élève son âme ; il vit tranquille ; il ne craint rien des hommes, et sa tendre épouse ne vient point lui couper le nez. »  

Contenu

Le crocheteur borgne
Cosi-Sancta, un petit mal pour un grand bien, Nouvelle africaine
Songe de Platon
Micromégas, histoire philosophique
Le monde comme il va, vision de Babouc, écrite par lui-même
Zadig ou la destinée, histoire orientale
Memnon ou la sagesse humaine
Lettre d'un Turc sur les fakirs et sur son ami Bababec
Histoire des voyages de Scarmentado écrite par lui-même
Les deux consolés
Histoire d'un bon bramin
Pot-pourri
Le Blanc et le noir
Jeannot et Colin
Petite digression
Aventure indienne traduite par l'ignorant
L'ingénu, histoire véritable tirée des manuscrits du P. Quesnel
La Princesse de Babylone

+ 1 dossier contenant une chronologie et de nombreuses notes sur chaque conte.

Mon avis

Zadig est l'un des mes contes voltairiens préférés. J'aime le contexte qui se rapproche des Mille et une nuits, une thématique très en vogue au XVIIIe siècle, l'ironie et l'humour qui se dégagent tout au long de ce conte, un peu moins naïf et « simplet » que certains autres contes de Voltaire (mais après tout, c'est un conte... quel conte n'a pas sa part de naïveté ?).
Zadig est un personnage parfois horripilant tant il est parfait en tout point, et agaçant de par son mépris pour les femmes et certains hommes, mais on s'attache tout de même à sa destinée.
Zadig est un conte initiatique agréable à lire et constitue, je trouve, une excellente introduction à l’œuvre de Voltaire. La princesse de Babylone et L'ingénu sont également deux contes que je trouve intéressants à lire : si l'on doit en choisir trois dans ce recueil, pour moi, ce seraient ces trois-là (Zadig, La princesse de Babylone et L'ingénu).


dimanche 3 mai 2015

Rosa candida, d'Auður Ava Olafsdottir

Éditeur : Points
Première publication (en français) : 2012 chez Zulma
Nombre de pages : 339

Quatrième de couverture

Une étreinte furtive avec Anna, un bout de nuit, et Arnljotur s'est retrouvé père d'une petite fille. À vingt-deux ans, il abandonne sa famille et quitte sa terre d'Islande, avec dans ses bagages, quelques boutures de Rosa candida, une rose à huit pétales qu'il cultivait avec sa mère. Il part redonner vie à une roseraie à l'abandon dans un monastère gardé par un moine cinéphile. Un jour, Anna réapparaît pour lui confier sa fille, Flora Sol. Et si l'amour pouvait naître ? 


Mon avis
 
Un livre plein de tendresse, de douceur, d'émotion, de légèreté et d'humour. Un véritable hymne à la vie. J'ai aimé sa lenteur et sa poésie, les nombreuses sensations que procure la lecture de ces pages ; j'ai aimé ce jeune homme un peu naïf et rêveur qui part au bout du monde vivre sa passion, avant de se laisser envoûter par les charmes de sa fille, âgée de quelques mois seulement, et de découvrir la force de nouveaux sentiments qui fera de lui un père comblé.
La traduction est très réussie ; ce livre est une petite merveille de la littérature nordique qui parle à la fois de paternité, de deuil, d'amour, de passion, de nature et de voyage. On ne sait pas vraiment où se trouve cette fameuse roseraie qui renaît entre les mains de notre héros, quelque part dans le sud de l'Europe, ni vraiment d'où il vient, même si on devine l'Islande dans les descriptions de son pays natal : l'auteur a laissé une part d'imagination au lecteur, et c'est ce qui fait, entre autres, le charme de ce roman initiatique qui s'apparente d'ailleurs plutôt à un conte. 
Ce n'est peut-être pas le meilleur livre que je connaisse, mais son originalité et sa douceur en font un roman très agréable. C'est pourquoi je le classerai tout de même parmi mes coups de cœur de cette année (qui est loin d'être finie !).
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