dimanche 30 août 2015

Les écorchés vifs (les rédempteurs), d'Olivier Vanderbecq

Éditeur : Amalthée
Première publication : 2014
Nombre de pages : 434
Genre : roman

Quatrième de couverture

Un élégant quadragénaire en route pour le sud de la France.
Un jeune flic alcoolique sur la sellette.
Une pauvre gamine paumée.
Une communauté de gitans.
Rien ne les prédisposait à se rencontrer.
Et pourtant...
Entre la capitale des Flandres et une petite station de Haute-Savoie, leurs routes vont se croiser, leurs destins se lier et leurs vies basculer.
Pour vivre.
Ou juste survivre !

Né en Belgique en 1973, l’auteur est un lecteur compulsif, fin cuisinier, père à l’imaginaire débordant, consommateur frénétique de musique et de cinéma, il vit à cent à l’heure sans jamais se poser et impose sa boulimie culturelle à sa tribu. En 2013, il choisit d’écrire un roman : Les Écorchés Vifs, premier volume d’une trilogie.

Mon avis


Avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais juste préciser que j'ai lu ce livre dans le cadre du Livre voyageur organisé par Tic Tac Books, un groupe de lecture sur facebook géré par Aline (son blog : Du temps pour lire), dont l'auteur des Écorchés vifs fait également partie. Donc, avant toute chose : merci à eux ! Et à tous ceux qui ont participé à cet événement du Livre voyageur, j'aime beaucoup le concept.
Pour ce qui est du roman en lui-même, je vais essayer d'aller à l'essentiel car en fait il y aurait beaucoup de choses à dire, notamment sur l'action intense du roman et les personnages. 
L'auteur a un style d'écriture assez particulier, vif, cinglant, direct, l'action ne s'arrête jamais, on a sans cesse l'impression de suivre un film parfois en accéléré, d'être derrière l'objectif d'une caméra, voire même de plusieurs caméras : ça fonctionne à merveille, on ne s'ennuie pas, et on a toujours l'impression de vivre pleinement chaque scène. Certains personnages parlent crument, les dialogues sont écrits à la manière d'un script de film et « font vrai ». Rien n'est embelli. Cela peut dérouter le lecteur, certes, mais c'est encore un aspect qui permet de rapprocher le roman d'un film d'action.
Par contre, quelque chose m'a dérangée dans ce roman (mais la faute incombe à l'éditeur,  pas à l'auteur) : il reste beaucoup de coquilles en tout genre dans le texte, c'est parfois vraiment gênant. C'est dommage.  
Je voudrais également attirer l'attention sur les citations dans le roman : elles sont trop nombreuses à mon goût, notamment au début (avec le personnage de Pierre). Même si j'ai bien compris que cela faisait partie du personage, très cultivé, je trouve que la plupart de ces citations sont introduites de manière peu subtile et cassent le rythme du texte. En mettre moins mais les introduire de façon plus discrète aurait sans doute mieux servi le texte. Cela donne l'impression que l'auteur a voulu mettre en avant sa culture à travers son personnage sans grande délicatesse, même si je me doute bien que ce n'était pas son intention. 
La violence, qui s'intensifie au fur et à mesure qu'on avance dans l'histoire, m'a par moment dérangée. Mais ce n'est que mon ressenti personnel ; je suis entrée dans un univers ultra-violent auquel je ne m'attendais pas dès les premières pages du livre et j'ai parfois eu un peu de mal avec ça. L'auteur nous « oblige » à « voir » à travers son texte, dans lequel l'action est savamment orchestrée, toute l'horreur des scènes les plus violentes. Sang, blessés et morts partout, notamment dans la dernière partie. Et pourtant... Malgré cette violence inouïe, prise dans le feu de l'action et embarquée par cette histoire palpitante, je me suis malgré tout accrochée à cette lecture, avide de connaître les derniers événements et le dénouement de cette folle histoire.
À première vue, les personnages, ces « écorchés vifs », ces tueurs, ces rejetés de la société, ne sont pas particulièrement attachants, mais on a pourtant toujours envie d'en savoir plus, de savoir jusqu'où les événements vont les mener, jusqu'où ils vont aller. L'histoire est racontée de différents points de vue, et les informations et ressentis varient en fonction des personnages, et cette construction-là est très intéressante. Elle contribue à l'effet de « roman-film » qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière ligne.
Le personnage de Pierre fait peur, il est froid, méticuleux, sûr de lui, dangereux, il n'a rien à perdre et peur de rien. Il devient (heureusement) de plus en plus nuancé et subtil au fil de l'histoire, un peu comme si l'auteur lui-même avait « découvert » toutes les facettes de ce personnage au cours du processus d'écriture, ce qui fait que l'on finit quand même par s'intéresser un peu au sort de ce personnage à priori détestable par le danger qu'il représente (même s'il n'est pas totalement un monstre, puisqu'il est loyal et s'engage à sortir la jeune Alicia de son milieu violent et se comporte avec elle comme un père protecteur). En fait, c'est un personnage si ambigu qu'il dérange, inquiète, et intrigue tout à la fois.
J'ai eu plus de mal avec la première partie du roman qu'avec le reste, qui comporte quelques longueurs, et sans doute à cause de ce personnage omniprésent un peu trop « brut de décoffrage » et inquiétant, et des citations qui ponctuent le texte (comme dit plus haut), mais dès la seconde partie, tout s'emballe, les personnages se multiplient, on fait la connaissance d'une communauté de gitans, les événements s'enchaînent et chaque personnage joue bien son rôle. moi qui ne suis pas une grande adepte du genre, je ne peux toutefois pas nier avoir été happée par cette histoire : c'est une lecture addictive, dès qu'on l'a commencé, il FAUT qu'on continue, il faut qu'on sache comment tout cela va finir.
Pour conclure, je dirais que c'est un roman remarquablement bien construit, très cinématographique, original, et, malgré ses petits défauts, très prometteur... mais trop violent pour moi.

mardi 25 août 2015

Babyji, d'Abha Dawesar

Éditeur : 10/18 (2008)
Première publication : 2007
Titre original (anglais) : Babyji 
Traduit de l'anglais (Inde) par Isabelle Reinharez
Nombre de pages : 473
Genre : roman


Quatrième de couverture

Dans une Inde encore déchirée par la violence des castes et les sanglantes manifestations contre le gouvernement, Babyji, une petite Lolita indienne de Delhi, conjugue la passion du savoir et le plaisir des sens. Entourée de trois femmes que tout oppose, elle cherche sa voie, tiraillée entre un avenir incertain et un passé étouffant. Au travers du jeu des possibles, Abha Dawesar offre, avec ce roman initiatique délicieusement subversif, un voyage sensible au coeur de l'Inde moderne.

« Sur un sujet éculé, Dawesar opte pour une voie de traverse, faisant de son héroïne une Lolita à l'envers. Avec sa charmante crudité qui en ferait une sorte de Houellebecq des jeunes filles en fleurs. »

Françoise-Marie Santucci, Libération


Mon avis

Babyji est une belle traversée de l'Inde moderne, vue par une adolescente peu ordinaire. Anamika, 16 ans, est une lycéeene indienne très douée, issue d'une caste élevée, qui ne rêve que d'une chose : accéder au monde adulte. Ce roman raconte ses premières amours, multiples, peu conventionnelles et secrètes ; ses rêves, sa vie de lycéenne et celle de sa famille à Delhi. Mais ce n'est pas seulement un livre sur les relations amoureuses homosexuelles d'une adolescente, c'est aussi une (petite) réflexion sur la société de l'Inde moderne, le système des castes, la jeunesse actuelle dans un pays transformé mais encore très conservateur, la condition de la femme en Inde, la famille, le système scolaire et universitaire du pays. L'écriture est simple mais pas désagréable : c'est un roman qui se lit assez vite et est à la portée de tous, y compris les « grands » adolescents (à partir de 16-17 ans). 
J'ai aimé cette histoire et j'ai trouvé qu'elle était intéressante d'un point de vue culturel, même si le personnage d'Anamika m'a parfois exaspérée tant elle se montre possessive envers les autres (notamment ses « amantes » comme elle les appelle), prétentieuse, manipulatrice, un peu trop sûre d'elle-même. J'ai tout de même passé un bon moment de lecture, l'un n'empêche pas l'autre.
 
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