mercredi 18 novembre 2015

La terre qui penche, de Carole Martinez

Éditeur : Gallimard
Date de publication : 2015
Nombre de pages : 368
Genre : roman


Quatrième de couverture

Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort ! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent.
L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend.
Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais?
Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l’orée du rêve mais deux siècles plus tard, dans ce domaine des Murmures qui était le cadre de son précédent roman.


Mon avis

Un beau roman polyphonique (à deux voix pour être exacte : celle de la petite fille, Blanche, et celle de son âme qui raconte cette histoire des siècles plus tard) plein d'originalité, d'onirisme, de fantaisie, de poésie, et une écriture fine et sensible. La magie de Du domaine des Murmures est toujours là, mais le récit est moins intense, et les chansons qui jalonnent l'histoire de Blanche m'ont parfois paru de trop, mais ce n'est que mon avis personnel, j'ai pu lire que certains lecteurs avaient aimé cette poésie insérée dans le récit. Ce qui m'a surtout gênée dans cette (tout de même belle) lecture, ce sont les maintes redites : en effets, étant donné que l'histoire nous est contée à la fois par Blanche « petite fille » et Blanche « vieille âme », certains événements sont relatés deux fois, de manières différentes, sous forme de variations. Je comprends le choix de l'auteure, mais cela peut vite ennuyer le lecteur, et j'avoue que j'ai trouvé certains passages inutiles.
Ceci mis à part, je conseillerai cette lecture à d'autres personnes malgré tout, car j'ai passé un très bon moment avec ce roman. Le style est agréable, l'écriture bien maîtrisée, et Carole Martinez sait donner vie à des personnages à la fois attachants et mystérieux. Dès les premières pages, le lecteur est happé dans un univers magique très particulier, quelque part entre le rêve et la réalité, le passé et le présent, le conte merveilleux et le roman historique.

dimanche 8 novembre 2015

Mon bel orage, de Héloïse Combes

Éditeur : Éditions de la Rémanence
Date de publication : 2015
Nombre de pages : 104
Genre : roman

Présentation de l'éditeur

« Rien ne semblait devoir arriver. Rien ne semblait pouvoir exister d'autre que ce brouhaha cotonneux des couloirs, ces bousculades adolescentes chaque heure à la porte d'une salle de classe qu'on quittait, chaque heure, pour une autre salle de classe où tout serait pareil : chaque heure le bruit de troupeau qui s'engouffre puis freine, dérapages de semelles en caoutchouc doublés de grincements de chaises, et ensuite l'ennui, la voix soporifique du prof, l'ennui, la craie blanche qui crisse sur le tableau vert sombre, l'ennui, le néon qui crépite toujours un peu, une gomme qui tombe, le vol métallique d'une punaise qui traverse la pièce et bute sur la vitre, un papier qu'on froisse, un rire étouffé, l'ennui... C'est arrivé pourtant. Dans le préfabriqué de tôle qui tenait lieu de salle de dessin à l'écart des grands bâtiments. Une brèche soudain dans le cœur lourd du géant noir. »

Mon avis

J'ai été séduite par le style de l'écriture dès les premières lignes, un peu moins par cette histoire d'amour entre un professeur quinquagénaire et une jeune collégienne rebelle.
Un homme mûr se laisse entraîner sans grande résistance dans le délit et l'illégalité par une gamine de 14 ans qui le mène par le bout du nez : c'est une histoire de détournement de mineure, peu crédible soit dit en passant, qui relève plus d'une sorte d'étrange fantasme d'une adolescente en quête de liberté et d'amour, et qui ne peut que mal se terminer, on s'en doute bien dès le début.
On a vraiment du mal à aimer cette petite Lolita, et il est (pour moi en tout cas) impossible de s'attacher à cet homme étrange qui tombe amoureux d'elle et qui n'hésite pas (enfin, pas longtemps, et juste pour la forme) à prendre des risques énormes pour être avec elle. Mais on ne juge évidemment pas un livre au statut attachant ou non de ses personnages... Car en effet, ce roman comporte de nombreuses qualités littéraires. Si on laisse de côté l'intrigue qui ne m'a pas vraiment plu (mais ce n'est là qu'une sensibilité personnelle), ce livre est un véritable enchantement en ce qui concerne le style. C'est un récit à la première personne (on se place du point de vue de la jeune fille) plein de délicatesse, de sensualité et de poésie, les mots sont choisis avec soin et c'est là, à mon humble avis, tout l'intérêt de cette belle lecture. 
Je tiens à remercier les Éditions Rémanence pour cette découverte, ainsi que l'auteure elle-même, qui a eu la gentillesse de me dédicacer le livre.

 
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