samedi 30 avril 2016

La reine du découpage, d'Odile Lecouteux

Première publication : 2014
Nombre de pages : 158
Genre : récit de souvenirs/mémoires

Quatrième de couverture

Cécile, six ans, n a pas sa langue dans sa poche. Elle vit avec ses parents et sa grande soeur Fanfan dans la coopérative PLM de la commune des Larmes, en Côte d Or, un village triste dans lequel il n y a ni cimetière ni fontaine pour dire « Je ne boirai pas de ton eau ». Avec tendresse, humour, et parfois une certaine gravité, la petite fille décrit ce qu elle découvre et ce qu elle devient, de surprises en épreuves. En ayant su conserver dans ce roman autobiographique la candeur et la vivacité de ses jeunes années, l auteure nous offre un joli découpage des usages, personnes et souvenirs de son enfance, dans un style volubile d une grande finesse, terriblement attachant. 

Mon avis

Tout d'abord, je tiens à remercier les éditions de la Rémanence pour l'envoi de ce livre que j'avais envie de découvrir. C'est le second roman de l'auteure, mais je n'ai pas lu le premier, intitulé Dix jours (éditions Kirographaires). 
Il est important de noter qu'il ne s'agit pas d'un roman, mais d'une sorte de récit fragmenté, forme par ailleurs déjà annoncée dans le titre, La reine du découpage. Il n'y a donc pas vraiment d'histoire, ou plutôt pas de fil conducteur. L'auteure "découpe" et "colle" des morceaux de sa vie, des souvenirs posés dans l'ordre chrnologique comme des photos dans un album. J'avoue ne pas avoir vraiment accroché avec le style un peu abrupt, j'ai trouvé que ce récit manquait de douceur, de poésie. J'ai eu un peu de mal à m'accrocher au début, même si certains passages m'ont captivée, mais j'ai tout de même trouvé plus d'intérêt à la deuxième moitié du récit (c'est-à-dire aux alentours de la page 60) qu'à la première moitié. L'évolution de la petite fille, à travers divers apprentissages de la vie et sa confrontation avec la mort, est très bien montrée. La façon presque imperceptible dont l'auteure fait grandir la petite Cécile au fil du texte est très habile, et le ton que la narratrice emploie tout au long du récit est juste, on entend cette voix un peu double de la petite fille devenue adulte, qui voit le monde avec ses yeux d'enfant, mais toujours couverts par le regard de l'adulte qu'elle est au moment de l'écriture.

vendredi 29 avril 2016

Le poisson-scorpion, de Nicolas Bouvier

Première publication : 1980
Nombre de pages : 172
Genre : récit de voyage

Quatrième de couverture 

Ce pourrait être le récit d'un séjour exotique, c'est le voyage intérieur d'un homme arrivé à Ceylan après un long périple, pour achever le voyage intérieur au bout de lui-même. Le narrateur fait lentement naufrage, enlisé dans la solitude et la maladie, frôlé par la folie. Et là, sous l'œil indifférent des insectes qui se livrent autour de lui à d'effroyables carnages, et des habitants qui marinent dans leur chaleur comme un sombre bestiaire fainéant, l'auteur reconstruit, avec patience et ironie, un monde luxuriant et poétique. Au fil des chapitres, il observe et nous apprend à voir le spectacle mystérieux de ce monde des ombres d'où émergent d'étonnants portraits. Ainsi le lecteur participe à une sorte d'envoûtement dans ce récit bourré comme un pétard d'humour, de sagesse et d'espoir.

Mon avis

J'ai été profondément touchée par ce texte, court mais efficace, dont le style et la force ne laissent pas indifférent. C'est à la fois une introspection et un regard sur le monde, un grand moment de faiblesse raconté avec un merveilleux lyrisme, une poésie tout en finesse, beaucoup d'humour et un brin d'ironie. Ne vous attendez pas à découvrir le Sri Lanka à travers ce texte, on n'apprend au fond pas grand-chose de l'île ni de ses habitants de l'époque à travers Le poisson-scorpion. C'est un récit de solitude pleine de mélancolie et d'espoirs mêlés, où les meilleurs compagnons de l'auteur sont la littérature et les inombrables insectes qui peuplent sa chambre. Après la maladie, la fièvre, l'abandon, les hallucinations, viendra une forme de renaissance. C'est aussi de cette lente métamorphose, ou du moins ses débuts, dont il est question.

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